Mon île (1)

Nichée au cœur de la brume, j’ai reconnue ta voix.
Ma douce.
Ton socle de confiance serein m’apaise. Tes flancs, bercés par les flots quand le soleil se couche ou battus lorsque le gouffre marin s’ouvre en grand, m’offrent une récompense inouïe.
Je ne savais même pas que je t’avais perdue, que je te cherchais dans le fond de mes sanglots.
Il m’a fallu tomber, de ciels en ciels, avant de toucher ton sable et tes racines.
La chute fut longue, l’aventure solitaire.
J’ai glissé sur les archipels comme on égrène les perles de son chapelet. Je pleurais, ronde et gonflée, de ne pas te trouver.
Si j’avais su, j’aurais frappé à toutes les portes. « J’ai perdu mon île, vous ne l’auriez pas vue ? »
Tu étais invisible et moi nue. J’avais besoin de ta végétation pour me cacher, pour m’y nicher.
J’avais besoin de ton chant, du bercement de tes cascades, de la rumeur de tes forêts et de tes roches nacrées.
Toi, tu m’appelais. Tu murmurais mon nom dans une langue que seule toi et moi pouvons comprendre car elle n’existe que dans nos cœurs.
Je t’imaginais dilatée de soleil et je ne créais que des pluies. J’étais ruine et je te rêvais temple.
Je t’ai cherché été et t’ai trouvé automne.
Calme et paisible. Toujours là. Exactement là. Justement là. Enormément moi.
Tu n’es ailleurs que si j’y suis.
Ma douce.
L’azur nous couvre tandis que viennent les nuits. A l’aube, peut-être verrons nous une voile à l’horizon ou une baleine pour nous avaler tout rond avant de nous rejeter sur la plage.
Je laisse à l’aube le droit de nous surprendre.
Minuit peut venir tranquille, car j’ai trouvé mon île.

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